samedi 9 octobre 2010

3ème partie: Le Tessin

 Carte de notre traversée du Tessin:


3 août: Fondovalle- Cevio ( + 1100 m - 1700 m) 9 h de marche

On part à 9 h 30, on se perd, le chemin étant très mal balisé. Nous avons décidé de basculer vers le Tessin par le col de Guriner Furka, droit vers l'est.
 
 

Vache aux oreilles de koala:

Le haut du Val Formazza étant encombré de nuages, le ciel bleu que nous apercevons devant nous donne le moral.
Pour une fois Louis peine, il n'a pas assez mangé... En haut du col, on sèche tout le matériel au soleil et on descend par les alpages de la station de Bosco Gurin, village Walser tessinois magnifique.

 

Avec des cornes c'est quand même plus élégant!

 Bosco gurin:

 Bilinguisme affiché:



Petite différence avec le Piémont, sur les maisons, pas d'images religieuses polychromes, mais des textes en écriture gothique et d'élégants dessins épurés . La COOP ouvre en retard, étonnant, nous sommes en Suisse pourtant! On y achète de la nourriture mais impossible de trouver de carte du Tessin! Nous nous trouvons dans une région dont nous ignorons tout de la géographie, mis à part que si on suit les rivières on va arriver aux grands lacs, ce qui n'est pas notre but. A l'hôtel du village,une sorte de mini-office de tourisme nous montre un fascicule où sont dessinées les vallées du Tessin: ça donne déjà une idée. Nous décidons de continuer à avancer vers l'est, vers Cevio dans la vallée. Là nous trouverons bien un camping...

Pas d'autre choix que la route au départ:

 Puis de très beaux sentiers:




 

Nous suivons donc des sentiers valléens qui descendent le long du torrent, passant par de très beaux villages où pousse la vigne sur des terrasses en escaliers.
Des palmiers chanvres apportent une touche exotique, indiquant un climat tempéré.


Nous traversons de grandes châtaigneraies et arrivons 16 km plus loin à Cevio, à 550 m d'altitude.

Mairie de Cevio:
Ça bourgeonne du côté des grands lacs:

Là, pas de camping, nous parcourons les environs à la recherche de coin de bivouac mais rien ne nous satisfait, aussi après avoir tourné en rond pendant 2 h, nous prenons le bus pour Avegno où il y a un camping...En regardant le plan dans le véhicule, on se rend compte que ça se trouve à côté de Lugano! Nous y arrivons en pleine nuit,et plantons notre abri dans ce camping archi-bondé, complet d'ailleurs...
Comme la réception est fermée, on demande à une tente de coller notre abri à leur toile, au ras de l'allée et ... miracle,  ça passe! Jamais vu un camping aussi plein à ras-bord: quelle idée d'être venus s'entasser ici!...

Nous mangeons notre rösti sur le talus au bord du torrent et nous allongeons sans faire de bruit pour ne pas réveiller les voisins à quelques centimètres à vol de moustique.


4 août: Cevio- Cabane di Tome (+ 1400 m - 100 m) (4 h 20)

Nous nous réveillons très tôt, rangeons tout discrètement et nous esquivons rapidement vers l'arrêt de bus le plus proche pour retourner vers Cevio. 

La maison d'un Tartarin tessinois?
Hélas, le chauffeur ne prend pas les € et nous devons donc marcher en bord de route en tendant le pouce.
Au bout d'un long moment, une jeune tessinoise sympathique nous prend et nous amène jusqu'à notre objectif. De retour à Cevio, nous achetons une carte à la librairie du village et réfléchissons à la suite de notre itinéraire: aller vers l'est-nord-est pour éviter les bas de vallée et les remontées pénibles (Lugano est le point le plus bas de Suisse avec 200 m). Nous nous dirigeons vers Brogglio (prononcer Breuil) par de jolis sentiers valléens, au milieu de châtaigneraies, hêtraies, vieux villages en longeant la magnifique rivière Maggi aux eaux turquoises.




















Campement scout:



























Eglise de Brogglio:






Demain, le temps est prévu détestable: pluie-orage... Nous optons donc pour un refuge en dur: la cabane de Tome, à 1735 m (pas de gardien, 15 FCh par personne, avec électricité, douche, gaz, cuisinière à bois, boissons en libre service).


Le montant de la  location étant à déposer dans une boîte ou à payer par virement bancaire. Nous sommes rejoints par un randonneur effectuant la Via Alta du Tessin . Originaire de Lugano, il maîtrise parfaitement le Français car il fait ses études en Romandie. Nous échangeons longuement avec lui.  En fin d'après-midi un coureur arrive à la cabane, dégoulinant de sueur: il s'agit d'un berger qui s'entraîne à la course en montagne après son travail. Il vient de grimper 1000 m en 50 mn... Il parle avec notre colocataire un drôle d'Italien: le Tessinois, encore parlé au fond des vallées. Durant la nuit, un violent orage nous conforte dans notre choix de cette cabane...
Lac à proximité aux eaux d'un bleu foncé dû à la présence d'oxyde de cuivre:

5 août: Cabane de Tome- Alpe Cognora (+ 1700 m - 1400 m) 5 h 

La matinée se passe à attendre que la pluie se calme... Nous sommes désormais 5 dans la cabane, ayant été rejoints par un Suisse du canton d'Argovie et sa femme d'origine péruvienne enceinte d'au moins 5 mois. Ils ont passé la nuit dehors dans leurs duvets protégés par des sur-sacs. L'humidité ayant fini par passer, ils se sont décidés à sécher leurs sacs à la cabane. Nous sommes impressionnés par la maîtrise des langues de nos interlocuteurs qui échangent en Italien, Allemand et prennent la peine de traduire en Français pour nous...
Le randonneur suisse allemand est un agronome dont le travail consiste à encourager les agriculteurs à avoir une pratique respectueuse de l'environnement en pratiquant une agriculture extensive, sur des prairies dont la bio-diversité est régulièrement évaluée, en évitant le lessivage des sols. Tout cela avec des subventions à la clé. Le paysan ne doit plus seulement être considéré comme un producteur nous dit notre ami, mais aussi comme un gardien de la nature, protecteur de la bio-diversité. Des conversations passionnantes nous font passer le temps de façon très agréable.Plus tard, voyant que le temps se dégage , nous décidons de quitter la cabane vers 13 h pour grimper le col de Bassa di Pertus (2156 m), puis Passo di Redorta (2181 m).

 Passo di Redorta:


Nous empruntons le racourci balisé en bleu (itinéraire alpin) pour éviter de redescendre de 200 m. Ensuite tout schuss vers Sognono (918 m) par un sentier de chèvre escarpé et glissant.





Nous admirons au passage les cascades du Val Versasca.
Le village de Sognono est très joli, très touristique.
Trop tard pour l'alimentation, fermée... nous achetons du fromage, saucisson, pomme, tomates chez un "agrotourismo" puis 2 pains et 2 paquets de gâteaux à prix d'or chez une marchande de souvenirs.  Nous remontons ensuite une piste jusqu'à 1050 m .
Le temps est gris, mais il ne pleut pas. Nous grimpons un sentier extrêmement pentu, quasiment un escalier jusqu'à la cabane de l'Alpe Cognora (1938 m) .
Nous plantons notre abri à 2010 m, un peu au-dessus sur un terrain en pente et bosselé, faute de mieux.(consolés par le paysage)
Nous cuisons notre polenta au feu de bois (avec fromage et tomates), observons un groupe de chamois en dégustant les gâteaux de la dame aux souvenirs (en fait d'infectes macarons hyper-sucrés qui collent aux dents) et tentons de dormir (nuit passée à monter et descendre le toboggan avec le petit matelas comme à Aquaparc!:-(

6 août: Alpe Cognora -  Bassa di Nova (+ 1700 m - 1700 m) à peu près 30 km (10 h 30)
  Nous quittons l'endroit à 7 h 30 par un sentier vertigineux à flanc de barres rocheuses, mais très bien sécurisé par des cables, passerelles. Heureusement, car le schiste délité est souvent glissant car humide.

Nous sommes sur leur terrain de jeu:



Le logo de l'Alta Via du Val Maggia:

Nous arrivons au col Passo di Piatto (2111 m) avec vue sur le laghetto (lac naturel) .

En jaune, pancartes de randonnée "classiques" suisses, en bleu itinéraire alpin suisse (Alta Via):
Laghetto:






En fait ce lac naturel fut à une époque surélevé par un barrage aujourd'hui détruit:



Passerelle "flambante neuve":

Nous descendons vers Chironico en passant par Cala où se prépare une fête. Sans accès routier, ce hameau est relié par mini-téléphérique-monte-charge (pour le matériel) à la vallée. Les participants à la fête peuvent venir en hélicoptère pour 50 € aller-retour par adulte.
Cala:




Stand d'entraînement au tir de l'armée suisse:
Un berger qui part vers les alpages:



   A Chironico, nous faisons des courses et effectuons un pique-nique copieux. Ensuite, nous descendons vers Nivo (623 m), en fond de vallée. Là , nous passons sur l'autoroute et sous la voie ferrée pour remonter à travers les alpages et de charmants villages vers le col de Bassa di Nova (2123 m). La remontée depuis le fond de la vallée est très difficile parce qu'on en a déjà "plein les pattes" et qu'il fait bien chaud à cette altitude... Jamais bon de finir la journée par une côte en pleine chaleur :-(











Enfin on y arrive quand même et on s'installe sur l'autre versant du col, face au Rheinwaldhorn, le grand sommet du coin... (le Valserrhein y prend sa source). Nous essayons de trouver un endroit bien plat sur les pistes de ski et assez abrité du vent qui souffle fort.





7 août : Bassa di Nova- lac de Luzzone (- 1200 m + 800 m) 8 h

Nous prenons notre envol vers 10 h 30, réveillés par la chaleur du soleil à 9h, après une nuit encore passée à glisser malgré une pente douce... le vent peut-être? ;-) Nous partons vers Olivone, village au fond de la vallée par des sentiers d'abord en balcon horizontaux.Nous rencontrons une croix blanche éclairée la nuit par des diodes alimentées par un panneau solaire... on n'arrête pas le progrès! Face à nous, les sommets sont poudrés de blanc par les chutes de ces derniers jours.












Pause pique-nique et  lessive:

A Olivone, nous faisons nos courses (dont tout le nécessaire pour réaliser un far au pruneau: grande première sur réchaud à alcool pour nous) . Nous prenons la météo à l'office de tourisme et repartons vers le lac Luzzone par le sentier d'accès au Val Carassino (lieu de Suisse à la plus riche bio-diversité d'après notre agronome) .
Sosto:



Au col (1694 m) , nous prenons de l'eau à une source et descendons par un très long tunnel qui nous amène face à un immense barrage. Des pancartes nous rappellent que le camping est interdit. C'est pourquoi nous trouvons un endroit discret à proximité du barrage sur un chemin en herbe bien plat. Le far au pruneau n'a pas la croûte habituelle mais ses deux litres suffisent largement à apaiser notre appétit!



Randonéon ...




8 août : lac de Luzzone - Vals (+ 1600 m - 1850 m  30 km) 10 h 15

 A l'aube, nous longeons le lac de Luzzone puis bifurquons vers une vallée perpendiculaire pour effectuer l'ascension du col de Soreda (2759 m), suivie d'un petit sommet à proximité: le pizzo Castinello (3103 m).

















Pecora nera...



Encore 6 h jusqu'à Vals...

Au-delà du col, tout est couvert de neige fraîche et nous hésitons un peu à poursuivre ... Mais mis à part un petit mur où des marches ont déjà été creusées, la pente faible et l'absence de "vide" font qu'on arrive sans difficulté au sommet. De là vue à 360 ° sur tous les sommets enneigés des alentours: magique!








Au loin, le Rheinwaldhorn, "géant" de la région...
Photo souvenir sur ce beau sommet...


Panoramique du sommet (déplacer le curseur vers la droite)

On redescend prudemment dans nos traces...




Le ciel commence à s'obscurcir, aussi nous ne traînons pas sur les hauteurs. en descendant nous croisons un groupe de jeunes qui nous donnent quelques indications sur les Grisons où nous allons entrer: territoire trilingue ou certaines vallées parlent Allemand, d'autres Italien et d'autre Romanche (Gruntch), sorte de langue romane proche du  Roumain ou du Portugais, langue officielle du Canton (carte des langues des Grisons).
 extrait de Wikipédia:
"Le romanche est un terme générique recouvrant un groupe de dialectes proches, parlés dans le sud de la Suisse et appartenant à la famille rhéto-romane. Ces dialectes incluent le sursylvain, le subsylvain, le sourmiran, le puter et le vallader. Ils sont standardisés depuis 1982 à partir des travaux du linguiste suisse Heinrich Schmid. La langue standardisée, appelée Rumantsch grischun, est lentement acceptée."



Vals où nous avons fixé rendez-vous à ces dames par téléphone est une vallée Walser (alémanique). Nous n'avons plus de carte et nous n'avons qu'une idée approximative de la distance qui nous reste à parcourir après le col...Nous rejoignons rapidement la vallée du Valser Rhein qui descend des glaciers du Rheinwaldhorn. Puis nous suivons le torrent par des pistes au milieu des prairies puis au bord du grand lac de Zervreilasee.
 
Le Zervreilahorn (2898 m)

Vallée du Valser Rhein






 Lampertsch alp

Lac de Luzzone


  Zervreilahorn, vu du sud

 De gros nuages menaçant descendent avec nous de la montagne et nous sommes rattrapés par la pluie vers Zervreila. Là, il est possible de louer des trottinettes pour descendre par la route jusqu'à Vals? Le prix nous semblant exagéré, nous ignorons cette option... Nous ignorons également le car postal qui relie Vals à Zervreila, ignorons le stop et assumons la longue descente à pied jusqu'à Vals, par l'ancienne route transformée en piste de ski - sentier qui domine des gorges. Un peu épuisés par cette longue descente d'à peu près 20 km, nous nous installons sur la place du village et dépensons nos derniers Francs suisses dans une boulangerie ( la carte bancaire étant évidemment avec la partie motorisée de la famille). C'est avec grand plaisir que nous nous retrouvons tous! Le genou de Joséphine semble fonctionner, il faudra quand même le ménager... Nous quittons Vals et sa vallée où il n'y a aucun camping et effectuons 40 km jusqu'à Trun pour en trouver un...
Vals
 De nombreuses granges d'alpage
 Auto-école...






 (à suivre)






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